Marie Aimé Auguste DUMAS

 Aimé  DUMAS

Né le 4 février 1882 au Hameau du Grand Villard à Saint Disdier en Dévoluy.

Soldat affecté au 157e RI  – Matricule 625 arrivé au corps le 3 août 1914. Puis détaché temporairement au 11e Régiment de Génie à compté du 8 janvier 1915

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Aimé était le fils de  Emmanuel DUMAS et de Marie Mélanie CORREARD

Il était mon  Arrière Grand-oncle et oncle de Félicien Emmanuel Omer Dumas et de Jean Marie Pierre Sarrazin.

Omer DUMAS  son neveu, se trouve juste en dessous sur le monument aux morts de Saint Disdier en Dévoluy.

Mai 2012 - 099 retaille et marquée

 

Mort pour la France le 5 avril 1915 à Flirey.

http://www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr/fr/ark:/40699/m005239e5cbb691b

Voici un extrait du forum [Pages 14-18] publié par « Boucan38 » concernant cette fameuse journée  du 5 avril 1915 à proximité de Flirey.

Suite à un sujet précédent j’ai saisi les quelques pages écrites à chaud par mon GP sur l’action du 157° RIA le 5 avril 1915 sur le Bois de Mortmare dans le cadre d’une tentative pour réduire le saillant de St Mihiel. elles font suite à une première partie déjà rapportée dans un sujet précédent introduit par « Mahele » :

« La 10° compagnie avait dégagé, je mis ma section en place, et, pour voir ce qui se passait, je m’avançais jusqu’à la première ligne. Le mouvement en avant n’avait pas encore commencé, mais le signal de « Attention ! » ayant été donné, les hommes, un peu pâles mais résolus avaient tous le pied sur le premier barreau de la petite échelle qui devait leur permettre de sortir sans effort de la tranchée pour bondir en avant.
Le commandement de « En avant » ne se fit pas attendre, et vraiment les hommes du 157° ont fait honneur à leur drapeau. Tous en un instant avaient bondi par-dessus le parapet, et sous la mitraille et sous un feu violent d’infanterie que les quelques boches restés à leur poste effectuaient sur eux à toute vitesse, ils se sont précipités à l’assaut de la tranchée boche. Combien, hélas j’en ai vu tomber !!! Quelques uns n’auront même pas le temps de gravir l’échelle, une balle à la tête ou à la poitrine les renversaient brutalement en arrière. Les autres avançaient par bonds successifs et rapides en utilisant les torus d’obus, mais beaucoup tombaient, non plus pour se cacher mais parce qu’ils avaient été frappés. Toutefois la préparation par l’artillerie avait été efficace, et il n’y avait plus grand monde dans la tranchée boche. Il tomba moins des nôtres qu’on aurait pu supposer, et bientôt les premiers arrivèrent aux fils de fer ennemis. Ces fils de fer avaient été démolis par nos obus et de larges passages s’ouvraient dans le réseau. Nos hommes s’y précipitèrent et furent bientôt au parapet de la tranchée. Il en tombait toujours. Ceux qui restaient tiraient dans la tranchée, en plongeant sur des ennemis que je ne pouvais apercevoir. Un s’était mis debout. Je tremblais pour lui. Je le vis tirer avec un calme effrayant au moins dix coups de fusil. Tout à coup son fusil lui tomba des mains ; il fit un pas en arrière et tomba en portant la main à son front !

La tranché boche fut bientôt déblayée puisque nous vîmes les nôtres sauter dedans et disparaître à nos yeux. Ils étaient encore nombreux et, tous, nous avons cru que la journée était pour nous.

J’ai mis très longtemps pour décrire ce qui se passa en quelques minutes.

L’ordre fut donné à la 10° d’avancer et de se porter à son tour vers les lignes boches. Le Génie s’était mis avec frénésie au creusement du boyau de communication. J’allais chercher ma section car ma compagnie devait garnir la première ligne puis je me remis à observer en avant. On ne voyait plus rien, des signaux avaient été convenus pour des demandes de munitions, de renforts. Prêt à bondir au moindre appel, j’observais avec angoisse le parapet ennemi ; rien ne se montrait, on ne voyait que les blessés qui se pansaient mutuellement ou faisaient des signaux de détresse.

A ce moment là, si j’avais eu un commandement entre les mains, aussi vrai que mon nom est mon nom, j’aurai commandé « en avant » pour faire porter à la tranchée boche notre première ligne. D’après ce qui nous fut raconté par la suite, ce mouvement aurait probablement décidé de la victoire. Mais je ne suis rien et n’avais pas le droit de disposer de mes hommes.
De plus en plus nerveux j’observais toujours le talus qui nous masquait l’horizon. Pendant une demie heure au moins rien n’y fut visible, aucun signal, aucun appel. Tout à coup un des nôtres paru, grimpas le talus et, aussi vite qu’il pouvait courir revint vers nous. Un autre immédiatement l’imita, puis un groupe, un autre, d’autres encore. Je me précipitai vers le plus proche. Il était pâle et une horreur immense se lissait dans ses yeux. La tranchée est perdue, me dit-il, les boches sont là. Je ne puis croire une pareille nouvelle, sept cent au moins des nôtres étaient partis et je n’en avais pas vu revenir plus de deux cents. La question ayant été envoyée par l’arrière par qui était occupée la tranchée, je dus répondre : on ne sait pas encore. Bientôt hélas le doute ne fut plus permis, un casque se montra puis deux puis on vit passer des fusils et quelques blessés qui, péniblement, regagnaient nôtre ligne furent abattus ! La tranchée était bien perdue et ceux qui n’étaient pas revenus ne devaient pas revenir. Nous restâmes jusqu’au soir en première ligne, puis nous fûmes relevés et nous passâmes la nuit en troisième ligne. C’est en circulant dans les boyaux que nous pûmes nous rendre compte du bouleversement que le bombardement avait fait subir à nos ouvrages : partout des parapets effondrés, des pare-éclats empotés partout des morts à enjamber, à de nombreux endroits le boyau ou la tranchée était démoli complètement et il fallait passer en rampant pour ne pas être aperçu de l’ennemi.

C’est à ce moment là seulement que j’aperçu pour la première fois de la journée deux brancardiers portant un blessé. Tous les blessés qui étaient parvenus au poste de secours s’y étaient traînés par leurs propres moyens ou y avaient été transporté par leurs camarades sur des échelles. Je me souviendrai longtemps de trois malheureux que leurs camarades avaient apporté jusqu’en troisième ligne, nous dûmes les enjamber pendant notre déplacement. Leurs gémissements et leurs regards implorants étaient pitoyables et je tournai la tête en hâtant le pas pour ne pas lire leurs reproches muets. L’un de temps en temps murmurait : « brancardiers, brancardiers » Le lendemain nous repassâmes par là. Les trois malheureux y étaient encore dans la même position mais ils étaient trois cadavres !!!

Le nuit se passa sans changement. Les boches ne contre-attaquaient pas, peut-être on ne leur avait rien ……. (illisible) Ils se contentaient d’éclairer nos tranchées sans interruption avec des fusées au magnésium.

Au point du jour nous fûmes relevés et conduits à Bernécourt. Harassés de fatigue, je m’employais immédiatement au nettoyage de mon fusil et de mes effets et puis après un repas réparateur je m’endormis d’un sommeil sans rêves. A sept heures du soir je fus réveillé par un de mes camarades et fut souper au mess. C’est alors que j’eu une idée des pertes que nous avions subies. La neuvième compagnie, partie au complet, 3 officiers, 14 sous officiers et 220 hommes, revint avec seulement 80 hommes et un sergent. La 12° …… plus fortunée. La 11° qui avait le moins souffert n’ayant eu qu’une quarantaine ……

Le premier bataillon avait attaqué sur la droite et avait perdu aussi pas mal de monde. Ce jour là, sept commandants de compagnie ont été tués ou blessés.

A neuf heures on se prépare à aller se coucher pour goûter un repos bien gagné. Au même instant l’ordre arrive de se tenir prêt à partir dans 10 minutes. Juste le temps de bondir réveiller les hommes. Je vous laisse à penser quel concert de cris, de lamentations et …. Accueillent cette nouvelle. Pourtant rien à faire, il fallait refaire le sac, rouler la couverture et un quart d’heure après nous étions en route pour Flirey. Cette journée encore, le 157° avait attaqué sans résultats et nous passâmes la nuit en ligne, exactement à gauche de la voie ferrée. Il fallut naturellement veiller toute la nuit malgré la fatigue, et le lendemain, 7 avril le 206° attaquait à notre droite. Il réussit à enlever un élément de tranchée de 300 mètres de longueur environ. Nous passâmes la nuit au même endroit, comptant bien être relevés le lendemain matin. Hélas, le lendemain nous partîmes dans le boyau mais au lieu de tourner à droite pour prendre le boyau de Flirey, nous tournâmes à gauche, nous nous portâmes contre la route ne deuxième ligne pour être le soutien dans une nouvelle attaque que le 4° bataillon allait faire ce jour là. Ma section installée, je me portai en première ligne pour voir l’événement. Les 15° et 16° compagnies étaient là.

Ici s’interrompent les quelques feuillets cousus avec une ficelle au carnet brun auquel mon GP avait confié ses premières impressions en arrivant au front entre le 21 octobre 1914 et le 5 janvier 1915.
Ce récit correspond fidèlement au relations de la même action que j’ai retrouvé dans le « petit historique » ou dans le JMO du 157° et même avec le rapport émis après la bataille par la division et que l’on peut lire dans « Les armées françaises dans la Grande guerre »

http://pages14-18.mesdiscussions.net/pages1418/Pagesvecuesrecitstemoignages/Combattants/flirey-avril-1915-sujet_354_1.htm

 

http://www.lieux-insolites.fr/cicatrice/14-18/mortmare/mortmare.htm

 

Quelques images de la Nécropole Nationale de Flirey

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